La commune de Thumeries paye chaque année des pénalités car elle ne dispose pas de suffisamment de logements sociaux sur son territoire. Le nouveau maire entend rentrer progressivement dans le rang et économiser quelques subsides… Ce qui n’est pas du goût des riverains des terrains concernés.
Non, ce n’est pas une répétition de la fête des voisins qui s’est déroulée vendredi en fin d’après-midi, sur le grand espace vert du lotissement Lucie-Aubrac. Certes, l’atmosphère était détendue et les conversations allaient bon train, mais un sujet revenait sans cesse comme un nuage sur une journée ensoleillée : le PLU ! Entendez le plan local d’urbanisme, un document que toutes les villes doivent constituer afin de déterminer quelles seront les orientations des prochaines années en matière d’urbanisme et d’utilisation des sols. C’est le PLU qui détermine si telle ou telle parcelle devient constructible, ou se trouve destinée à accueillir de l’activité économique… Or, Jean-Claude Collérie, le maire de Thumeries élu l’an dernier, s’est retrouvé confronté dès son entrée en fonction à un « coup de pression » de la préfecture qui a exigé que le nouveau PLU de la commune prenne en compte le déficit local en termes de logements sociaux… et les moyens d’y remédier.
Validation du PLU en septembre
Pour éviter de voir son PLU refusé par la préfecture (la validation doit avoir lieu en septembre), le maire a donc décidé de rendre constructibles certains terrains proches des zones déjà urbanisées. C’est là que les choses se sont gâtées, car deux de ces terrains jouxtent le lotissement Lucie-Aubrac, tout près de la réserveornithologique. Et les habitants de ce lotissement n’ont aucune envie de voir « pousser des barres de béton et des routes en plein milieu de la campagne de la Pévèle ». Ils ont donc pris la tête de la contestation, rallié de nombreux Thumerisiens à leur cause, et déposé plusieurs dizaines de commentaires lors de l’enquête publique préalable au PLU, qui s’est achevée samedi dernier. « Tout ce que nous souhaitons, c’est que le maire accepte d’écouter nos inquiétudes et prenne en compte nos demandes pour préserver la campagne alentour», résume Kathia Billouard-Wiplié, conseillère municipale qui se trouve désormais en opposition avec le reste de ses collègues, « mais pour une bonne cause : celle des convictions personnelles et de la défense de notre environnement».
Tracts et rendez-vous en mairie
C’est elle, en compagnie de Denis Latrée (qui avait déjà mené un combat contre l’implantation d’une antenne de téléphonie Orange il y a trois ans) qui a « rameuté » les riverains des zones concernées par ces projets urbanistiques potentiels (lire ci-dessous). Vendredi soir, des tracts ont été distribués, des pétitions signées (plus de deux cents Thumerisiens ont déjà apporté leur soutien aux opposants) et des rendez-vous fixés. Le premier d’entre eux a eu lieu samedi matin : cinq membres du collectif ont déposé en mairie un courrier reprenant point par point leurs reproches, leurs inquiétudes et leurs attentes vis-à -vis de la municipalité. Un autre rendez-vous est fixé samedi prochain, face à la mairie. « Nous verrons alors si le maire accepte d’ouvrir la discussion avec nous».
Ce qu’en dit le maire, Jean-Claude Collérie
« Nous sommes dans une situation complexe, car on nous demande de nous conformer à la loi SRU en augmentant le nombre de logements sociaux sur le territoire communal, alors que la ville de Thumeries ne possède aucune réserve foncière. Nous avons donc décidé de changer le classement de certains terrains afin de les rendre urbanisables. La friche TEREOS, par exemple, devient disponible pour des projets immobiliers. Mais ce n’est pas parce qu’on déclasse des zones qu’on veut tout construire et augmenter la population, c’est juste une façon de nous laisser une marge. Ce qui est certain, c’est que chaque projet immobilier devra comprendre une part de logements sociaux. Je ne peux pas admettre le rapprochement qui est fait par certains entre logements sociaux et délinquance, c’est scandaleux ! Quant aux gens du lotissement Lucie-Aubrac, ils doivent savoir que la pâture derrière la résidence est depuis longtemps une zone à urbaniser, il n’y a pas de changement en ce qui la concerne».
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